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L’enseignement de français, la Traduction et l’interprétation: Des impératives pour le Nigéria et la CEDEAO

Citation: Ashiru-Abdulrahman, K. (2024). L’enseignement de français, la Traduction et l’interprétation: Des impératives pour le Nigéria et la CEDEAO. Tasambo Journal of Language, Literature, and Culture, 3(1), 396-403. www.doi.org/10.36349/tjllc.2024.v03i01.046.

L’enseignement de français, la Traduction et l’interprétation: Des impératives pour le Nigéria et la CEDEAO

Par

Khadijah Ashiru-Abdulrahman (PhD)
Department of French
Nassarawa State University, Keffi, Nassarawa State
ashkhadfol@gmail.com
+2348128151518

Abstract

The world is living at the pace of globalization, which is becoming more and more pronounced and affecting all areas. However, we often forget to talk about the vehicles of globalization, without which globalization would be nothing more than a utopia. These are translation and interpretation, which are. the oxygen of globalization. Thus, in linguistic context, the world has no choice than to embrace it. In this case, Nigeria, the giant of Africa and the ECOWAS, find themselves in the same perspective. Translation and interpretation are obligatory Steps to follow in a globalizing context. The thrust of this paper are: Teaching of French, importance of translation and interpretation in Nigeria.

Keywords : Teaching, translation, interpretation, globalization, French, communication, language.

Résumé

Le monde vit au rythme de la mondialisation qui s’accentue de plus en plus et affecte tous les domaines. Cependant on oublie bien souvent de parler des véhicules de la mondialisation, sans lesquels, cette dernière ne serait qu’une utopie. Il s’agit de la traduction et l’interprétation, qui constituent. l’oxygène de la mondialisation. En effet dans un contexte de diversité linguistique le monde n’a pas d’autre choix que d’y recourir. Dans cette course, le Nigeria, le géant de l’Afrique, et la CEDEAO, une organisation dont il est le pivot, se trouvent dans la même optique. L’activité traduisante et l’interprétation sont un passage obligatoire pour survivre dans un contexte mondialisant. Dans ce travail, nous abordons les titres suivants: L’enseignement du français, l’importance de la traduction et l’interprétation au Nigéria.

Mots clés: Enseignement, traduction, mondialisation, interprétation, français, communication, langue.

Introduction

La langue est l'un des domaines les plus importants du développement humain. La compétence communicative de l’être humain constitue la principale caractéristique qui le distingue des autres cr é atures. Le développement humain ne peut être maintenu que lorsque les gens, individuellement et collectivement, sont exposés à de nouvelles et de plus grandes possibilités qui en résultent dans la réalisation du potentiel humain. Cependant, de nouvelles opportunités ne se présentent que lorsque les êtres humains communiquent entre eux. Pour un développement significatif et durable, donc, l'accès à l'information est primordial. Cependant le principal canal de propagation est la communication, ce qui fait de cette dernière un facteur prépondérant dans les efforts de développement. Si la communication efficace est la racine de développement, alors les questions relatives à la langue ne pouvaient pas être objets de négligence d’autant que la langue jouit d’une position sine qua non en communication. En outre, la maîtrise de la langue est considérée comme un capital humain et on ne peut pas ignorer le fait que le développement du capital humain est une nécessité actuelle entre les Nigérians d’aujourd'hui.

C’est fort de cette affirmation que nous allons aborder trois questions intimement liées à savoir le statut de la langue française au Nigeria, l’activité traduisante et interprétative au Nigeria, et les impératifs du développement et de la coopération du Nigeria avec les autres pays, tant au niveau sous régional que continental.

  Notre objectif dans ce travail est de soutenir la thèse que l’avenir du Nigeria repose sur le renouvèlement du statut de la langue française, qui ensuite constituera la pierre de lance de l’activité traduisante et interprétative pour la simple raison que la traduction et l’interprétation sont sine qua non au processus de la communication et de l’échange du savoir.

La traduction et l’interprétation sont devenues de plus en plus importante et même une pré-condition au processus de mondialisation en cours. Nous serons appelés à traduire et à interpréter à cause du niveau d’interaction de plus en plus poussé entre les différentes régions du monde et les différentes activités qui y sont impliquées dans un contexte de diversité linguistique. Pour le Nigéria, ce processus est rendu plus complexe par un certain nombre de facteurs:

1. La position géographique du Nigéria - cerné de toute part par des pays francophones.

2. Le rôle de pivot que le Nigéria joue au sein de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest.

3. La puissance économique régionale, voire continentale.

4. Le Nigéria comme centre d’attraction des investissements internationaux.

Ces quatre points clés constituent les raisons principales pour la revitalisation et la redynamisation de l’enseignement du français et le développement de l’activité traduisante et d l’interpretation au Nigéria.

La position géographique du Nig éria en Afrique et l’importance du français au Nigeria .

La politique de l'éducation de la langue de chaque pays établit, selon Owoeye (2010), une liste de langues à être enseignées dans les écoles compte tenu de leur importance et de leur pertinence pour le développement national et l'intégration internationale. Pour cette même raison, dans la politique de l’ é ducation du Nigéria, l'enseignement de la langue anglaise a le statut de langue officielle tandis que les langues nigérianes bénéficient du statut de langues nationales. Le dernier groupe de ces langues privilégiées, figurant sous la rubrique des langues étrangères, comprend le français et l’arabe. Cependant, Bariki (1999) a contesté la désignation de l'arabe comme seule langue étrangère au Nigéria. Il est d'avis que l'arabe est une langue indigène au Nigéria.

En regardant de façon critique, le français et l’ arabe occupent à la fois la position la plus importante et la plus cruciale des langues étrangères aux Nigérians et ce fut l’une des raisons pour la création du Village Français du Nigeria, à Badagry. En analysant les facteurs qui sont responsables pour le choix d'une langue étrangère à être enseignée dans les écoles d’un pays donné, Ajiboye, a formulé quatre principes. Pour Owoeye ces principes peuvent être utilisés pour analyser la base de la position prestigieuse du français comme première langue étrangère au Nigéria. Ces principes sont énoncés ci-dessous:

1. le principe de voisinage géographique

2. le principe de la diplomatie

3. le principe du progrès technologique

4. le principe de l'interdépendance mondiale (Owoeye, 2010).

On peut facilement dire que le français satisfait tous les quatre principes. Le français est la langue officielle des pays limitrophes du Nigéria (Bénin, Niger, Cameroun, Tchad). Le français et l'arabe sont les langues de la diplomatie, rendant ainsi les deux langues à satisfaire le second principe. Cependant, alors que le français est la langue maternelle et la langue officielle des nations très technologiquement avancés tels que la France, le Canada, la Suisse et la Belgique, aucun des pays de langue arabe n’est célébré comme une nation technologiquement avancée. Les deux langues remplissent le principe de l'interdépendance mondiale. Le résultat de cette analyse montre , selon Owoeye (2010) , que le français réunit toutes les quatre conditions alors que l’arabe ne réunit que deux. Lorsque les principes d’Ajiboye sont utilisés comme paramètres pour déterminer la langue étrangère la plus pertinente au Nigéria, le français sera le choix incontestable.

Un autre angle à travers lequel on peut regarder l'importance du français au Nigéria est la position du Nigéria dans la sous-région ouest-africaine. Selon Okeke (1999), le rôle de leadership du Nigéria dans la CEDEAO serait plus significatif lorsque les Nigérians sont capables de parler les langues officielles des autres pays membres de la communauté sous-régionale, principalement le français. Il est intéressant de souligner que sur les quinze pays de la CEDEAO, huit sont des pays francophones, cinq sont anglophones et deux sont lusophones. Pour être la langue officielle de huit pays sur quinze, le français jouit du statut de la majorité simple avec 53%. Il est donc la langue de première ligne de la CEDEAO. Il serait rentable pour les Nigérians d’apprendre le français plutôt que d'encourager les citoyens des pays francophones d’apprendre l'anglais, la langue officielle au Nigéria. Le Nigéria en tant que grand frère de l'Afrique en général et en Afrique de l'Ouest en particulier, est plus riche que tous les pays d'Afrique de l'Ouest francophone réunis. De ce fait, le Nigéria est censé être mieux plac é pour promouvoir l'apprentissage du français que les autres promouvoir l’apprentissage de l’anglais.

La pertinence économique du français au Nigéria est un autre aspect qu’on ne peut ignorer dans l'analyse de l'importance de cette langue. Il y a plusieurs entreprises françaises opérant au Nigéria qui ont besoin des services de professionnels qui ont une connaissance pratique de la langue française. Ces entreprises sont CFAO, SCOA, BNP, Total, Elf, Michelin, Peugeot, Fougerole, SGE, Bouygues, SAE, SPIE-Batignolles, Degrémont et Bec Frères. Lorsque tous ces facteurs sont pris en compte, l'importance du français comme langue étrangère au Nigéria ne sera plus contestable.

Pendant la Conférence de Reformes Politiques Nationales (NPRC) qui a eu lieu en 2005 à Abuja, cette importance a été reconnue et l'une des résolutions contenues dans le rapport présenté au président Olusegun Obasanjo était que l'enseignement du français devrait être poursuivi vigoureusement au niveau secondaire en raison de sa pertinence dans la sous-r é gion ouest-africaine.

Il est également opportun d'examiner la dimension microcosmique de la pertinence du français aux Nigérians. Au Nigéria, il y a de nombreuses organisations internationales ayant le français comme langue de travail clé. Beaucoup de ces organisations, y compris leurs agences, ont des bureaux au Nigéria et auraient certainement besoin de travailleurs qui peuvent s’exprimer non seulement en anglais mais aussi en français. Par exemple, le secrétariat international de la CEDEAO se trouve à Abuja et les personnes désirant travailler dans le secrétariat devraient avoir une connaissance pratique du français pour pouvoir y obtenir un emploi. De temps en temps, la CEDEAO et d'autres organisations internationales ayant des bureaux au Nigéria annoncent des postes vacants dans les quotidiens nationaux pour certaines professions (comptable, Ingénieurs, Secrétaires, économie, Avocats, etc.) avec une connaissance pratique de la langue française, mais très rare que les Nigerians puissent postuler.

En dehors de ces organisations internationales, la France est un partenaire commercial de première ligne du Nigéria. Cette relation économique bilatérale nécessite un personnel bilingue français-anglais qui /pourrait intervvenir dans les différentes activités commerciales et des entreprises françaises opérant au Nigéria dans presque tous les secteurs de l'économie. Ces entreprises sont dans le secteur de l'énergie, secteur bancaire, secteur de la construction, secteur de la distribution, alors les professionnels nigérians ayant une connaissance du français seront facilement employ és dans ces entreprises.

Une autre dimension de la pertinence de la langue française au Nigéria aujourd'hui est le fait que certaines de ces entreprises au Nigéria ont maintenant des succursales de leurs activités dans les pays francophones voisins et ont besoin de professionnels nigérians qui seront en mesure de travailler dans ces pays. Il va sans dire, donc, que les professionnels nigérians qui peuvent parler et écrire le français en ce qui concerne leurs professions vont avoir les mains dessus sur leurs homologues qui ne parlent que l'anglais dans les domaines de perspectives d'emploi.

Nigéria, la CEDEAO: la nécessité du français et l’activité traduisante.

La Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est une organisation intergouvernementale ouest-africaine créée le 28 mai 1975. C'est la principale structure destinée à coordonner les actions des pays de l’Afrique de l'Ouest. Son but principal est de promouvoir la coopération et l'intégration avec pour objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine. En 1990, son pouvoir est étendu au maintien de la stabilité régionale avec la création de l'ECOMOG, groupe militaire d’intervention qui devient permanent en 1999. La CEDEAO compte aujourd'hui 15 États membres. Selon le FMI, en 2012, le PIB, PPA global des États membres de la CEDEAO s'élève à 564,86 milliards de dollars US ce qui en fait la 25e puissance économique du Monde.

Le Nigéria est le pivot de la CEDEAO et plus de 50% de la population des pays membres vit au Nigéria. Le PIB du Nigéria est supérieur à celui de tous les autres Etats de la CEDEAO réunis avec un budget annuel de la CEDEAO de 31% par rapport à seulement 12,6% du deuxième plus contributeur- Côte d'Ivoire, ainsi que du Fonds de la CEDEAO (32% de par rapport à seulement 13% en Côte d 'Ivoire).

La prééminence de l'économie nigériane vis-à-vis des autres Etats de la CEDEAO, et de ses grandes responsabilités financières, pose inévitablement la question de la valeur de la CEDEAO pour le Nigéria. De nombreux programmes d'intégration régionale ont été mis en place en Afrique dans le but d'atteindre un marché plus de la moitié de la taille du Nigeria. En outre, la production industrielle nationale du Nigéria est encore insuffisante pour répondre aux vastes besoins de son marché intérieur, à plus forte raison fournir des exportations importantes aux Etats voisins de la CEDEAO.

Cela a conduit à la conclusion, dans certains milieux que le Nigéria n'a pas besoin de la CEDEAO, au moins à court terme. Le sentiment qui prévaut est que ce qui vient essentiellement de la CEDEAO sont les maux de tête, l'immigration massive des étrangers en situation irrégulière, la contrebande endémique et des grandes obligations financières, en particulier pour le maintien de la paix. Cependant, en dépit de ces inconvénients, il ne fait aucun doute qu'il est dans l'intérêt personnel du Nigéria d'appuyer pleinement la CEDEAO. Très tôt le Nigéria aura besoin d'un cadre régional et un marché pour son économie en plein essor. Par conséquent, il est prudent de jeter les bases de cette interaction qui est facile grâce à la traduction et à l’interprétation.

Un besoin essentiel pour la CEDEAO découle de la nature «artificielle» des frontières internationales léguées par la démarcation coloniale en Afrique de l'Ouest.

Malgré le manque de dynamisme des activités commerciales intra CEDEAO: seulement 2% des exportations totales de la CEDEAO et de 3% du total des importations sont dans la région. Ceci traduit selon Aribisala (2014) que les pays anglophones commercent les uns avec les autres. Et l'image devient encore plus déprimante quand on sait que plus de 60% des exportations intra-Afrique de l'Ouest est représentée par pétrole nigérian seul. Toutefois, les exportations du Nigéria vers la CEDEAO, qui était en moyenne d'environ 7 pour cent du total de ses exportations entre 2001 et 2006, a chuté à 2,3 pour cent en 2010. La part des autres pays de la CEDEAO dans les importations du Nigéria a également diminué de 4,4 pour cent en 2001 à moins de 0,5 pour cent en 2010 (Aribisala 2014).

 En dépit de ces évolutions défavorables selon Aribisala (2014 ), la CEDEAO reste nécessaire comme moyen d'inverser les incongruités du commerce de l'Afrique de l'Ouest, et veille à ce que les pays de la sous-région économiquement plus avec leurs voisins qu'avec les Etats européens beaucoup plus éloignées. Il faudrait noter ici que cette interaction ne peut pas réussir sans la traduction et l’interprétation. En d'autres termes, la CEDEAO reste une tentative ambitieuse de changer la carte coloniale héritée de l'Afrique de l'Ouest à travers le processus de la coopération économique et de l'intégration.

La France compte environ 120 entreprises implantées au Nigéria, dont une quinzaine ont été créées par des expatriés, sans lien direct avec une structure située en France. Dans ce grand pays anglophone entouré de pays francophones et qui constituent ensemble une région en marche vers son intégration, l’interprétation est impérative du même ordre que la traduction.

La Nécessité de la traduction pour le Nigeria et la CEDEAO

On peut dire qu’avant l’avènement du français, la traduction et l’interprétation existaient déjà au Nigéria puisque logiquement les colons britanniques et les populations autochtones ne parlaient pas la même langue. Munday (2001), partage la même idée quand il affirme que la traduction est une pratique qui a connu ses débuts depuis les temps immémoriaux. Cependant, malgré son évolution, la traduction n’a été considérée digne de spéculation académique et intellectuelle que dans la dernière moitié du xxe siècle:

However, although the practice of translation is long established, the study of the field developed into an academic discipline only in the second half of the twentieth century.

Cette activité devrait normalement s’intensifier avec le besoin de communication de plus en plus croissant entre les populations locales.

Cependant le genre de traduction et interprétation qui nous concerne ici relève de l’interaction du Nigéria avec le monde extérieur immédiat, notamment ses voisins francophones dans le cadre de la CEDEAO et les autres contacts bilatéraux et multilatéraux. Dans ces différents contextes l’interprétation et la traduction sont des activités inévitables dans la mesure où il y a un besoin de communiquer entre des partenaires parlant différentes langues, notamment le français et l’anglais.

Il va sans dire donc que par sa position géographique au milieu de pays francophones, son rôle de pivot au sein de la CEDEAO et surtout son rôle de la plus grande nation d’Afrique noire, le Nigéria constitue un point de mire pour les rencontres internationales /régionales et donc un havre pour différentes sortes de conférences internationales.

La CEDEAO se trouve au centre de cet enjeu traducto-interprétatif. D’ailleurs on peut affirmer que la CEDEAO doit sa survie à la traduction, à l’interprétation. En effet c’est grâce à la traduction et l’interprétation que les différentes réunions sont possibles et que des décisions sont unanimement prises pour agir dans le but de résoudre un problème ou un autre.

La communication est centrale pour l’information au cours d’une conférence qui est qui est aussi un acte de communication. Par exemple, lors de la session plénière, des présentations sont faites sur un thème donné, il y a des réactions, des observations et des contributions. Lorsqu’il s’agit de la CEDEAO ou le Nigéria et un des ses voisins, les interventions sont faites dans différentes langues (le français ou l’anglais). Il y a le besoin d’interpréter d’une langue à une autre pour la compréhension des participants. Donc l’interprétation constitue le passage obligatoire pour les participants puisqu’ils doivent compter avec les opinions des autres pour arriver à un consensus sur un sujet particulier.

A part la plénière, il y a aussi discussions en groupes, c'est-à-dire une discussion dans un cadre restreint o ù les participants vont pour discuter et présenter un rapport en plénière. Ici aussi, il faut une facilitation du processus par l’interprétation même si c’est consécutif, c'est-à-dire l’interprète traduit après avoir écouté l’intervenant. Il y a enfin la rédaction des rapports, ce qui implique les rapporteurs, mais il y a aussi le besoin de traducteurs puisque généralement, le rapport est rédigé en deux ou trois langues.

Donc le Nigéria doit , pour ses intérêts stratégiques en Afrique de l’Ouest et dans la région africaine , consentir des efforts dans l’enseignement du français qui va servir de toile de fond à l’activité traduisante et l’interprétation. Ce besoin est de plus en plus croissant avec non seulement la mondialisation mais aussi le problème d’insécurité grandissant qui touche toute la sous-région Ouest Africaine. Le Nigéria fait actuellement face à la menace terroriste de la secte Boko Haram qui affecte tous les pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad (le Niger ,le Nigéria, le Tchad, le Cameroun) et indirectement la CEDEAO toute entière.

On pourrait, sans crainte aucune, dire que la traduction et l’interprétation sont pour la CDEAO et le Nigéria ce que le Nil est a l’Egypte. Cette donnée doit être prise en compte le plus tôt que possible, é tant donn é que cela va dans l’intérêt du Nigéria et de la CEDEAO.

La tendance à la mondialisation nécessite une nouvelle dynamique pour infuser un nouveau sang dans le développement des ressources humaines tant au niveau du Nigéria que de la CEDEAO. Pour être fonctionnellement adéquat il faut non seulement apprendre à lire et écrire une langue, mais le besoin de la mondialisation exige plus d’une langue. C’est dans cette perspective que la pratique de la traduction et de l'interprétation est nécessaire aujourd'hui au sein de la CEDEAO et au Nigéria avec pour le Nigéria en toile de fond un enseignement plus efficace de la langue française. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Owoeye (2013) déclare:

It would not be far from the truth to say that communication through the use of the natural language plays a paramount role in the quest for development, be it human, social, political, technological and any other form of development. A paramount role because knowledge, which is the life wire of any development effort, is acquired through information. Information comes through communication powered by language. Looking at Nigeria as a country, English which is the official language and language of instruction in schools seems to have become inadequate for a sustainable human development which must take into account new trends in the globalized world.

Il ne serait pas loin de la vérité de dire que la communication grâce à l'utilisation de la langue naturelle joue un rôle primordial dans la quête du développement, que ce soit humain, social, politique, technologique et toute autre forme de développement. Un rôle primordial parce que la connaissance, qui est le pilier de tout effort de développement, est acquise par l'information. L'information qui provient de la communication passe parla langue. En regardant le Nigeria comme un pays, l'anglais qui est la langue officielle et langue d'enseignement dans les écoles semble être devenu insuffisante pour un développement humain durable qui doit tenir compte des nouvelles tendances dans le monde globalisé. (Notre traduction)

Cette redynamisation du rôle de la langue a passé par l’enseignement et la formation. L’amélioration des ressources humaines passe par l’amélioration de l’enseignement du français qui servira de pont au processus de la traduction et l’interprétation au service du développement. Dans cette optique nous soutenons le point de vue de Owoeye (2010) lorsqu’il fait une requête sur l’introduction de ce qu’il appelé ‘Optimal Activation of French for Specific Purposes for Human Development in Nigeria’.

On peut alors se demander dans ce contexte quel est l’état des lieux dans le domaine de la traduction et de l’interprétation au Nigeria ?

Avant de répondre à cette question, notons d’abord que la traduction et l’interprétation sont des professions qui impliquent un certain savoir, une compétence et une connaissance des règles déontologiques. Ici au Nigéria, il existe une organisation de traducteurs et d’interprètes, le Nigerian Institute of Translators and interpreters (NITI) dont la mission principale est la suivante:

a.      a professional association, the accreditation body, the regulator and protector of the translation and interpretation profession in Nigeria.

b.      une association professionnelle, l'organisme d'accréditation, le régulateur et protecteur de la profession de traducteur et de l'interprète au Nigéria (notre traduction)

NITI s’inscrit dans la droite ligne de la professionnalisation de l’activité traduisante et l’interprétariat. Elle vise à peu près les mêmes objectifs que les autres organisations professionnelles comme NBA (Nigerian Lawyers) , NMA (Nigerian Doctors), ICAN ( Nigerian Accountants). Les traducteurs et interprètes travaillent dans les langues nationales et internationales. L’institut reste ouvert à tous ceux qui s’intéressent à la linguistique et la traduction.

Le site NITI a été créé en 2007, juste après un grand succès du 7ème Congrès et atelier de l’ l'institut à Akoka - Lagos. Depuis, il y a eu plusieurs réunions, à Abuja et toutes les autres branches du pays , aboutissant à un Congrès et atelier, le 8ème de la série, qui a eu lieu à Abuja en Juillet 2008 et a été un succès . Beaucoup d'autres activités ont eu lieu depuis lors notamment des réunions régulières, en particulier à la branche d'Abuja et la célébration de la Journée mondiale de la traduction en 2009.

Une partie du communiqué finale de cet atelier disait:

After discussing the theme of the Congress: ‘Translation and Interpretation in West Africa Today and Tomorrow', and the various sub-themes with presentations from various resource persons, the following Resolutions were adopted:

1. The Nigerian Institute of Translators and Interpreters (NITI) resolves that the Training of translators and interpreters should be intensified; specifically, University of Lagos (UNILAG), Lagos State University (LASU), and the Nigeria French Village Badagry, should be encouraged to intensify efforts at putting in place facilities for this type of training.

2. NITI notes with satisfaction and patriotism the steps taken by the National Assembly to professionalize translation and interpreting activities in Nigeria.

3. NITI will liaise with the National Copyrights Commission to protect the Intellectual Property Rights (IPR) of translators and interpreters and other copyright owners in Nigeria.

4. In view of the fact that the 2008 NITI Congress focuses on Translation and Interpretation in the West African sub-region, NITI should liaise with ECOWAS to ensure that the regional body remains alive to its responsibilities.

5. Considering that a copyrighter is not a translator, NITI should work hand in hand with the Advertising Practitioners Council of Nigeria (APCON) to incorporate the professional input of language experts in the activities of advertising agencies in Nigeria, especially on issues of transcriptional copyrighting, dynamic equivalence and linguistic creativity in order to put an end to the incessant wrong messages, arising from incorrect language translation, found on billboards all over the country.( Final Communiqué, the 8th NITI Congress and Workshop,28th-29th November ,2013)

Après avoir discuté du thème du Congrès: «Traduction et Interprétation en Afrique de l'Ouest aujourd'hui et demain», et les différents sous-thèmes avec des présentations de différentes personnes-ressources, les résolutions suivantes ont été adoptées:

1.      L'Institut Nigérian des Traducteurs et Interprètes (NITI) décide que la formation des traducteurs et des interprètes devrait être intensifiée; spécifiquement, l’Université de Lagos (UNILAG), l’Université de l'Etat de Lagos (LASU), et le Village Français de Badagry, devraient encourager et intensifier les efforts à mettre en place des installations pour ce type de formation.

2.      NITI note avec satisfaction le patriotisme des mesures prises par l'Assemblée Nationale en vue de la professionnalisation des la traduction et de l'interprétation au Nigeria.

3.      NITI assurera la liaison avec la Commission Nationale de Droits d'Auteurs pour protéger les droits de la propriété intellectuelle (DPI) de traducteurs et d'interprètes et d'autres propriétaires de droits d'auteur au Nigeria.

4.      Compte tenu du fait que le Congrès de NITI 2008 a mis l'accent sur la traduction et l'interprétation dans la sous-région ouest-africaine, NITI devrait assurer la liaison avec la CEDEAO pour assurer que l'organisme régional reste vivante prenne ses responsabilités en la matière.

5.      Considérant que copyright n’est pas un traducteur, NITI doit travailler main dans la main avec le Conseil de la publicité praticiens du Nigeria (APCON) à intégrer la contribution professionnelle des experts de la langue dans les activités des agences de publicité au Nigéria, en particulier sur les questions de dépôt légal de la transcription , l'équivalence dynamique et la créativité linguistique afin de mettre un terme aux incessants messages erronés, découlant de la conversion incorrecte de la langue, trouvé sur les panneaux d'affichage dans tout le pays. (Communiqué final, le 8e Congrès NITI et Atelier 28-29th Novembre, 2013) (notre traduction).

Ces décisions mettent essentiellement l’accent sur la professionnalisation de la traduction et de l’interprétation, surtout avec des discussions sur des thèmes sur/de la traduction et de l’interprétation. C’est notamment le cas de:

a.      -The Great Potential of the Love and Practice of Amateur Translation and Interpretation in our Efforts to live together as one people by Mr. Emmanuel Kofi Nkansah

b.      -The Role of Culture in English – Hausa Translation by Hafizu Miko Yakasai and Yakubu Magaji Azare , Bayero University Kano

c.       -Literary Translation as Rewriting by Dr S.E Osazuwa, Ekpoma/Uniben

Le projet de loi NITI a passé la deuxième lecture à plénière de l'Assemblée nationale. Par la suite, la Chambre a invité NITI pour l'audience publique du processus du projet et il deviendra bientôt une loi. En 2010, NITI commença la mise en œuvre de sa décision antérieure de mettre en place des examens pour linguistes professionnels qui souhaitent entrer dans la bergerie de NITI. Des lettres ont été envoyées aux employeurs de professionnels de la langue pour les encourager à s'inscrire avec l’Institut et profiter des avantages de l'adhésion. Les publications dans le monde entier des dates d'examen et l'examen adéquat seront effectuées périodiquement pour admettre de nouveaux membres. Le premier examen de l'adhésion a eu lieu avec succès en mai 2010. Également l’Institut a élargi une longue orientation professionnelle permanente en visitant des institutions d'enseignement supérieur pour donner carrière entretiens d'orientation.

La CEDEAO joue également un rôle prépondérant dans les différentes activités menées par NITI. Par exemple au 11eme Congres du NITI qui s’est tenu à Abuja du 28 au 29 Novembre 2013, la Cour de Justice de la CEDEAO s’est fait remarquée en envoyant une équipe puissante qui a fait justice à la sous-thème: TRADUCTION ET JUSTICE. Le Parlement de la CEDEAO a pour sa part envoyé une autre équipe puissante qui a élucidé sur le sous-thème: la traduction parlementaire et de la gouvernance. Il y a aussi l'Université d'Ilorin qui a envoyé une autre équipe puissante, dirigée par le Prof. AS Abdusalam, qui ont participé activement et fait des discussions animées sur l'éducation, en particulier sur le sous-thème: Traduction Enseignement de la Traduction, Recherche et Formation. ( http://www.nitinigeria.net/11th-communique ).

En marge du cadre professionnel, il faut aussi dire ici qu’il y a les interprètes et traducteurs du’ Marché Noir qu’on appelle aussi les freelance. Beaucoup d’entre eux sont dans la pratique de la traduction et de l’interprétariat sur la base du bilinguisme. Mais ce dernier groupe doit être encouragé pour intégrer le cercle des professionnels pour bénéficier de la formation et la protection dans l’exercice de cette noble profession.

Conclusion

  C’est un fait que, dans le contexte de la mondialisation actuelle, la question de la langue est devenue centrale dans le processus de communication. Le Nigéria en tant qu’entité dans ce processus ne peut continuer à fonctionner sur la base d'une seule langue, qui est l’anglais. La CEDEAO a besoin de la traduction et de l’interprétation pour se faire comprendre parce que les pays membres ne parlent pas les mêmes langues. En effet, l’enseignement et l’apprentissage de la langue française est très nécessaire au Nigeria pour faire face aux barrières linguistiques.

Référence

Aribisala. ‘ECOWAS Imperative for Nigeria ’http://www.nigeriadevelopmenlandfinanceforum.org/conference

Bariki, O. (1999) «Le français au Nigéria: historique, statut et importance» in Nnoruka, M (éd) Cours de langue et de littérature française, pp. 22- 32 Ilorin, Département de langues vivantes européennes, cit é par Owoeye.

Chuquet H. et M. Paillard (1989), Approche des problèmes de la traduction Paris: Ophrys.

Clas, A. (1988), "De l’importance de la traduction" dans Université, AUPELF.

Delisle, J. (1993) La traduction raisonnée. Ottawa, Presses de L’Université d’Ottawa.

Gutt, E.A. (1991) Translation and Relevance: Cognition and Context. Oxford: Basil Blackwell.

Hatim, B. & Mason I. (1997) The translator as communicator. New York: Routledge.

Munday J. (2001) Introducing Translation Studies: Theories and Applications. London: Routledge.

Owoeye S.T. (2010) “Optimal Activation of French for Specific Purposes for Human Development in Nigeria”, In Kuupole, D.D. & Bariki, I. (eds), Applied Social Dimensions of Language Use and Teaching in West Africa: Festschrift in honour of Prof. Tunde Ajiboye, University of Cape Coast, Ghana: The University Press.

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